«Écrire et réécrire le féminin dans la poésie médiévale: du Chansonnier de Baena au Romancero courtois».

DUMANOIR, Virginie, «Écrire et réécrire le féminin dans la poésie médiévale: du Chansonnier de Baena au Romancero courtois»,en Eva Tilly, ed., Genre et idéentités en Espagne du Moyen Âge à nos jours,  Paris, Indigo, 2020, pp. 33-58. 

Resumen:

L’article s’inscrit dans une réflexion consacrée à l’écriture dans l’environnement nobiliaire de la compilation poétique réunie par Juan Alfonso de Baena jusque vers 1430, ainsi qu’aux réécritures postérieures qui s’en font l’écho. La vie de cour qui se dessine au fil des vers réunis à la demande du roi Jean II de Castille permet d’interroger les représentations du féminin et de les comparer avec celles que chantes les romances conservés dans des chansonniers manuscrits jusqu’au premier tiers du XVIe siècle. Les plumes y sont presque exclusivement masculines mais leur encre est très largement féminine. Sans surprise, les poètes à la solde des lignages les plus puissants soulignent la filiation où les femmes jouent les rôles et secondaires à la fois d’épouse et de mère. Paradoxalement, la grossesse et l’accouchement, nécessaires au passage d’un statut social à l’autre, ne sont présents dans les textes que comme hyperboles de la souffrance. Les corps féminins sont d’ailleurs dits, célébrés, mais jamais véritablement décrits, dans une espace poétique où les frontières du genre ne sont pas si tranchées que l’opposition courtoise du chevalier et de la dame pourrait laisser croire. Ce que l’écriture ou les réécriture du féminin donnent à entendre est une polyphonie où le pouvoir poétique peut faire de l’épée l’arme d’une femme et du chant de la sirène la plainte d’un homme.